Hypnoscope Septembre 2018 - Actualités Thérapeutiques



Hypnose : les infirmières privées de formation par l'ANDPC - Caducee.net

L’agence nationale du développement professionnel continue (ANDPC) a précisé au moyen d’une alerte diffusée sur l’extranet des organismes de formation, les règles d’acceptation des formations à l’hypnose notamment celles destinées aux professionnels de santé non médicaux au premier rang desquels on trouve les infirmiers. Au motif qu’elle se refuse à encourager l’exercice illégal de la médecine, l’ANDPC ne validera des formations à l’hypnose des soignants que dans la stricte mesure ou elles sont réalisées en équipes de soins, sous responsabilité médicale et encadrées par un protocole de soins écrit. Abus de pouvoir ou nécessaire précaution ?

L’hypnose a pris ces dernières années une place de plus en plus importante dans l’arsenal thérapeutique des professionnels de santé, notamment dans la prise en charge de la douleur chronique. Constatant au quotidien son efficacité, les infirmiers n’échappent pas à cette tendance et s’intéressent de près aux vertus analgésiques de l’hypnose. Longtemps réservées aux médecins, les formations continues en hypnose se sont progressivement et en toute logique ouvertes aux soignants désireux d’intégrer ces techniques dans leur pratique quotidienne.

Enseigner l’hypnose aux IDEL c’est encourager l’exercice illégal de la médecine ?

En mars 2017 déjà, l’ANDPC lance un pavé dans la mare en sommant par lettre recommandée l’Agence pour la formation continue des professionnels infirmiers libéraux de retirer de son catalogue toutes les formations sur l'hypnose. Elle vient de réaffirmer début septembre sa position sur le sujet en émettant une alerte diffusée auprès des organismes de formation agréés DPC.

Pour l’agence, c’est très clair. L’hypnose est un acte médical à réserver aux professions médicales. Elle n’autorisera donc les formations sur l’hypnose à destination des soignants que si elles sont enseignées dans un cadre pluridisciplinaire sous responsabilité médicale.

« Pour les professions de santé non médicales, la pratique de l’hypnose n’est légale que sous responsabilité médicale et dans le cadre d’une prise en charge pluriprofessionnelle de la douleur. L’Agence n’accepte donc les actions de DPC sur l’hypnose pour ces professionnels que lorsqu’elles se réalisent en équipes de soins telles que définies à l’article L.1411-11-1 du CSP constituées en établissement ou en ambulatoire et appelées à travailler concrètement ensemble sur la base de protocoles et a communiqué en ce sens en mars 2017. »

Deux raisonnements juridiques s’opposent.

D’un côté l’ANDPC semble vouloir se prémunir de tout risque de poursuite judiciaire à son encontre. Son raisonnement se base d’une part sur des décisions de justice qui considèrent que l’hypnose à visée thérapeutique est un acte de médecine réservé aux psychiatres, mais aussi, et surtout sur la présence dans la classification commune des actes médicaux des séances d’hypnose à visée antalgique en tant qu’acte technique médical, ce qui en fait un acte réservé aux professions médicales.

Or l’exercice illégal de la médecine est constitué à partir du moment où une personne « pratique l’un des actes professionnels prévus dans une nomenclature fixée par arrêté du ministre chargé de la santé »... sans être titulaire du diplôme...

Les risques pour une infirmière libérale de se voir poursuivre pour exercice illégal de la médecine en cas de séance d’hypnose à visée antalgique, sans prescription médicale sont donc réels. Quant à savoir si elles pourraient effectivement être condamnées dans ce cas, rien n’est moins sûr.
D’abord parce qu’il n’existe pas de cadre réglementaire clair sur l’hypnose : qualifiée de pratique de soins non conventionnelle, sa pratique n’est pas reconnue officiellement par l’ordre des médecins, ni documentée par la HAS, ni spécifiée dans le code de la santé publique, encore moins remboursée par l’assurance maladie sauf dans certains parcours de soins coordonnés.
Ensuite parce que l’on pourrait très bien considérer que les techniques d’hypnose à visée antalgique relèvent du rôle propre de l’infirmier tel que défini dans le code de la santé publique et ne nécessitent donc pas de prescription médicale pour être pratiquées. C’est en tout cas la position de Nathalie Lelièvre, juriste en droit de la santé à Lyon.

« À la différence des soins sur prescriptions médicales où l’infirmier prodigue des soins au patient conformément à la prescription. Dans le cadre de son rôle propre, il lui appartient après évaluation des besoins du patient de prendre les dispositions qui s’imposent. Concernant la prise en charge de la douleur, l’infirmier se doit d’évaluer la douleur (rôle propre) et de déterminer les actions nécessaires : informer le médecin, application d’un protocole, recours à l’hypnoanalgésie. »
 
C’est également la position de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) pour qui l’hypnose s’inscrit pleinement dans le rôle autonome infirmier et qui ne s’est pas privée de contester en 2017 la prise de position de l’ANDPC en avançant les arguments suivants : 
– aucun texte réglementaire n’interdit la pratique de l’hypnose aux infirmiers. Seules les indications de cette pratique sont limitées et le traitement de la douleur fait bien partie de celles qui sont reconnues.
– de nombreuses universités continuent de proposer des diplômes universitaires en direction des infirmières. Se pourrait-il que ces universités forment des infirmières à la pratique illégale de la médecine ?
– le centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD) documente les bienfaits d’une pratique infirmière de l’hypnose.
Enfin le FNI mettait en doute la légitimité de l’ANDPC à statuer in fine de ce qui relevait du ressort exclusif de la médecine ou non.
Considérant l’intérêt pour la santé publique du développement de l’hypnose dans la prise en charge de la douleur, une clarification de la réglementation en la matière s’impose.


Il N’y A Pas D’anesthésie Hypnotique…Et C’est Pour Ça Que Ça Marche ! - Institut-uthyl.com

Extraits choisis.

Article du Dr Philippe Aïm

Une base exacte, un faux buzz
Alors, c’était juste un faux buzz cette histoire?

Ce n’est pas la première fois que les journaux et les réseaux vont enjoliver une info pour faire la course au buzz et au click.
Depuis le début de la semaine dernière on entend parler d’un homme qui aurait subi une intervention à coeur ouvert, sans anesthésie locale (AL) ni générale (AG).
Cet excellent article de factchecking rétablit les faits, je le recommande !
 
Rien n’était vrai dans les articles inexacts?
Si, bien sur.
-c’est effectivement une opération qui concerne le cœur !
il s’agit d’un « TAVI » : un remplacement de valve aortique qui se fait par l’artère fémorale, technique formidable (et d’origine française !) qui permet d’éviter l’anesthésie générale et le « cœur ouvert » (on passe par l’intérieur du système vasculaire en somme)
-il y a bien eu une séance d’hypnose en lieu et place d’une médication sedative
 
Et qu’est-ce qui était faux alors?
Ce qui est à rectifier :
-ce n’est pas une opération à cœur ouvert
-ce n’est pas une opération qui nécessite habituellement une AG
-il y a bien eu une anesthésie médicamenteuse: en l’occurence locale au niveau femoral
 
Hypnose, anesthésie et gestes médicaux
On fait donc usuellement des opérations qui ne nécessitent pas l’AG, en ajoutant de l’hypnose pour augmenter confort, sédation, anxiolyse, antalgie…
Exactement. Des opérations gynécologiques (IVG…), de la chirurgie dentaire bien sur, dermatologique, de la radiologie interventionnelle, les gestes douloureux aux urgences, en cancérologie…
L’occasion de précisions sur « l’anesthésie hypnotique »…

Bon revenons à la l’hypnose. Pensez-vous qu’on puisse parler « d’anesthésie hypnotique » ?
Non. Il ne me paraît pas exact de parler d’anesthésie.
Il existe une hypno-analgesie (diminution de la douleur), une hypnosedation…mais pas une hypno-anesthésie.
L’info est bien émise, et elle arrive au cerveau…
 
Mais si ça n’anesthésie pas, pourquoi ça marche?
Ça marche, et avec l’utilisation d’un phénomène encore plus impressionnant, selon moi, que si ça anesthésiait vraiment…

La clé du fonctionnement de cette affaire (et nous le verrons, de mon point de vue, probablement de l’hypnose tout court) est, (non pas l’expérience d’anihilation de sensation que serait une véritable anesthésie!) mais de modification perceptive. Soit de modification de sa hiérarchie de traitement ou de sa modalité de traitement.
Lire l'intégralité de l'article du Dr Philippe Aïm

Désintox. Non, une opération à coeur ouvert sous hypnose n'a pas eu lieu - France Tv Info

Un homme âgé de 88 ans qui aurait subi une opération à « coeur ouvert uniquement grâce à l'hypnose » ? C’est ce qu'ont affirmé plusieurs médias, dont « BFM TV » et « France 2 » la semaine dernière.

C'est spectaculaire, mais c'est faux ! En réalité, Il y a bien eu une anesthésie, et il ne s'agissait pas d'une opération à coeur ouvert. C'est « France Bleu Nord » qui a le premier raconté cette opération, avant que plusieurs médias ne grossissent un peu le trait.

De quoi parle-t-on vraiment ? D'un patient, qui s'appelle Gérard, qui a 88 ans, et à qui il fallait remplacer une valve aortique. Comment ça marche exactement ? Pour changer une valve aortique, il faut faire une petite incision dans chacune des artères au niveau des hanches. Pour ensuite mettre 2 fils qui remontent jusqu'au coeur. Il ne s'agit donc pas du tout d'une opération à coeur ouvert.

La deuxième information « une intervention uniquement grâce à l’hypnose » est également fausse : car  pour ce genre d'opération, le patient reçoit normalement d'abord une perfusion de morphine ou d'anxiolytique pour le calmer. 

Ensuite place à l’anesthésie locale au niveau de la hanche au moment de l’incision. Hypnose ou pas, le patient, pour l’instant, ne peut pas y couper.
Dans le cas de Gérard, l'hypnose, réalisé par une infirmière, a donc permis de sauter la première étape, mais au moment de l'incision il y a bien eu une anesthésie locale et une petite dose de lidocaïne, comme à chaque fois pour ce genre d'opération.



Grenoble : l’hypnose pour accompagner les femmes atteintes d’un cancer du sein - France Bleu

Le mois d’octobre est celui dit « rose » de la prévention du cancer de sein. De nombreuses opérations sont menées en France. A Grenoble, les femmes atteintes par la maladie peuvent être accompagnée par l’hypnose.

D’un bout à l’autre de la maladie, les patientes du CHU de Grenoble peuvent être aidées par l’hypnose. Un soutien pour Anne-Cécile Philippe docteur du centre de cancérologie de la femme à l’hopital « ça ne remplace pas un travail avec un psychologue, c’est quelque chose qui est différent, les patientes décrivent plus de sérénité, plus de calme, elles arrivent mieux à analyser ce qui leur arrive ». L’opération peut notamment être effectuée sous hypnose, en complément d’une anesthésie locale. Le CHU de Grenoble pratique ces opérations depuis plus d’un an « c’est une demande des patientes qui ne souhaitaient pas une anesthésie générale pour diminuer la fatigue post-opératoire » explique Ana Rogé médecin anesthésiste « on va demander à la patiente de choisir un souvenir agréable pour elle ou un endroit où elle est bien, de manière à l’aider à aller dans ce souvenir, dans ce lieu pendant que l’on fait l’intervention ».

L’hypnose aussi présente dans l’après cancer
Le CHU de Grenoble propose aussi aux patientes d’utiliser l’hypnose lors des traitements comme la chimiothérapie, mais également après la guérison. « C’est un moment pas évident pour les patientes, elles doivent se réinsérer dans une vie normale avec une vie qui n’est plus normale pour elles. Souvent les patientes sont satisfaites d’être accompagnées par l’hypnose ».
En France, 59.000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année.

Rédigé le Mercredi 10 Octobre 2018 à 14:45 | Lu 1151 fois modifié le Mercredi 10 Octobre 2018