Hypnoscope Mars 2014 - Actualités Thérapeutiques


Vue de Paris, l'Hypnose dans les médias et ailleurs...
Avec nos amis de l'Institut Milton H. Erickson de Rezé (Nantes)


Le milieu médical s'ouvre de plus en plus à l'hypnose. À Rezé, des psychiatres et psychologues veulent faire connaître ses nombreuses applications. Ouest France

Dr Thierry Servillat, Dr Elise Lelarge, Pierre-Henri Garnier de l'Institut Milton H. Erickson de Rezé (Nantes)
Pourquoi ? Comment ?

L'état d'hypnose désigne un état modifié de conscience, distinct du sommeil. Les récents progrès des techniques d'imagerie cérébrale ont permis de mieux connaître le fonctionnement du cerveau dans ces conditions particulières d'hypnose. « On sait maintenant que certaines aires cérébrales sont ainsi spécifiquement activées », indique Élise Lelarge, psychiatre. « La recherche en douleur a aussi fait avancer l'hypnose. Depuis cinq ans, les mentalités changent.»

Pour quelles applications thérapeutiques ?
« L'hypnose est aujourd'hui un outil parmi d'autres, qui vient en complément de l'approche médicale classique, note Thierry Servillat, psychiatre et formateur, qui a créé l'Institut Erickson de Rezé à destination des soignants. L'hypnose est utilisée dans le champ des douleurs chroniques quand les médicaments n'arrivent plus à calmer la douleur. Dans les crises aiguës, l'hypnose chirurgicale est très utile chez certains patients qui ne peuvent pas avoir d'anesthésie. »
À titre d'exemple, au Centre hospitalier universitaire de Nantes (CHU), des anesthésistes la pratiquent lors d'opérations sur la thyroïde, en pédiatrie également, ou au CHU Nord en soins palliatifs. Au Confluent (ex-Nouvelles cliniques nantaises), on y a recours pour apaiser les souffrances dues aux lombalgies et fibromyalgies, à la Polyclinique en ophtalmologie. L'hypnose se développe également pour traiter l'anxiété, la dépression. En mars 2013, le rapport de l'Académie Nationale de Médecine reconnaissait son intérêt. (1)

Concrètement, une consultation, ça se passe comment ?
Le soignant va demander au patient ce qu'il veut réussir avec l'hypnose. « Il est important de bien définir le but recherché », souligne Pierre-Henri Garnier, psychologue. Ensuite, il lui demande éventuellement de fermer les yeux, de bien s'installer dans un fauteuil ou non, de sentir le sol sous ses pieds, etc. Celui qui hypnotise utilise des suggestions indirectes ou des propositions permettant la rencontre du conscient et de l'inconscient. « La thérapie par hypnose est par nature brève. Quelques séances suffisent. »

Des instituts de formation se développent. Comment s'y retrouver ?
Dans l'agglomération nantaise, il existe plusieurs centres de formation. « Logique vu le succès de l'hypnose. Chacun a ses propres objectifs et s'adresse à des publics différents », note Thierry Servillat. Des généralistes se forment à l'hypnose, des orthophonistes pour traiter le bégaiement, des sages-femmes pour préparer à l'accouchement, des dentistes, etc. « L'autorisation par la fondation Erickson aux États-Unis, qui certifie 300 instituts dans le monde, est un gage de sérieux. »

(1) Le rapport dit que « Dans l'ensemble, les indications les plus intéressantes semblent être la douleur liée aux gestes invasifs chez l'enfant et l'adolescent et les effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses. Mais, il est possible que de nouveaux essais viennent démontrer l'utilité de l'hypnose dans d'autres indications».
Magali GRANDET - Ouest France


Le grand réveil de l'hypnose. Le Journal du Dimanche

C'est le tour du Journal du Dimanche de faire part de l'essor de l'hypnose en donnant la parole aux Prs Marie-Elisabeth Faymonville (anesthésiste) et Antoine Bioy (psychologue) ainsi qu'à Bruno Suarez (radiologue et experte en neurosciences)

Oubliez les pendules et les salles de spectacle. De plus en plus utilisée dans le domaine médical, l'hypnose est désormais une technique scientifique qui s'impose jusque dans les blocs opératoires.

1) Une conscience paradoxale pendant l'opération
Fixation du regard, fermeture des yeux, suggestion de relaxation musculaire. Puis accompagnement du patient dans un souvenir plaisant. "Pour lui permettre de glisser spontanément en hypnose, l'anesthésiste utilise une technique de communication spécifique", explique le Pr Marie-Élisabeth Faymonville, qui a développé, dès 1992, au CHU de Liège (Belgique), l'hypnosédation : une approche innovante combinant hypnose et anesthésie locale pour conserver le patient dans un état de conscience modifiée : la conscience paradoxale. "Sous hypnose, le fonctionnement cérébral est modifié mais ne ressemble à aucun autre état connu, note Antoine Bioy, conseiller scientifique à l'Institut Français d'Hypnose. Les circuits de la détente et de la tension sont activés en même temps. La personne sur la table d'opération est parfaitement consciente de son environnement mais peut s'ouvrir à d'autres perceptions et ainsi vivre une autre réalité."
Le patient est capable de se rendre compte que le brancard sur lequel il est couché est froid tout en revivant des vacances au soleil, un souvenir d'enfance ou encore le jour de son mariage. "Entre 300.000 et 400.000 informations parviennent au cerveau en une seconde, la douleur est l'une d'entre elles, reprend Antoine Bioy. On ne peut pas l'empêcher mais on peut apprendre au cerveau à ne pas la traiter ; à interpréter la brûlure comme une douce chaleur, par exemple."

2) Moduler la douleur comme le volume d'un transistor
"L'hypnose permet de diminuer l'activation de deux des trois zones cérébrales impliquées dans la douleur comme on tournerait le bouton du volume d'un transistor", explique Bruno Suarez, médecin radiologue enseignant l'hypnose et les neuro-sciences à Paris XI, à Limoges et Montpellier. En France, où la discipline a longtemps été condamnée par l'Académie nationale de médecine, huit diplômes universitaires forment 250 nouveaux praticiens chaque année depuis le début des années 2000. "Avec le Dr Jean Becchio, organisateur du diplôme universitaire d'hypnose à la faculté de médecine Paris XI, nous refusons environ 200 professionnels de santé chaque année, faute de place", précise le Dr Suarez.
Utilisée au XVIIIe siècle avant l'apparition de l'éther, du chloroforme et du protoxyde d'azote, notamment pour faciliter les amputations, l'hypnose a investi les blocs opératoires, les salles de réveil et de réanimation. Elle est devenue "une alternative sûre et efficace à l'anesthésie générale dans certains cas : opérations de la thyroïde, chirurgies plastique, ORL, gynécologique, ophtalmologique", indique le Pr Faymonville. Les études de coûts mettent aussi en avant de nombreux bénéfices : diminution des douleurs postopératoires et donc consommation médicamenteuse moindre, cicatrisation et récupération accélérées, durée réduite de l'hospitalisation et reprise plus précoce des activités professionnelles. Gestion des douleurs mais aussi des peurs et des émotions, les applications se multiplient : de l'accouchement aux soins palliatifs, auprès des enfants, des sportifs, en oncologie, sur le fauteuil du dentiste…

3) La réalité virtuelle au secours des grands brûlés
"Nous sommes en train de développer une médecine du virtuel, avance Antoine Bioy. Le potentiel du cerveau est beaucoup plus important que nous le pensions. Il a notamment la capacité de se berner lui-même." Une découverte capitale qui ouvre de nouvelles perspectives : "Des stratégies thérapeutiques pour faire disparaître les douleurs à l'aide de la réalité virtuelle", précise Antoine Bioy. Pour les grands brûlés de la guerre en Afghanistan, des chercheurs américains ont développé un jeu vidéo dans lequel les militaires équipés d'un casque 3D doivent "dégommer" des bonshommes de neige. Les résultats obtenus sont les mêmes que sous hypnose : 50% de douleur et 70% d'anxiété en moins.

À Anderlecht (Belgique), une clinique vient de lancer une application sur tablette numérique permettant de réinterpréter la sensation douloureuse lors d'interventions médicales pratiquées sur de jeunes enfants, selon le principe de la suggestion hypnotique. L'enfant va pouvoir ajouter des éléments virtuels à son lieu de soins, arroser "pour de faux" un endroit douloureux de son corps afin de le soulager, par exemple ; une première étude clinique a démontré une diminution de 50 à 60% de la douleur ressentie. Grâce aux nouvelles techniques d'imagerie, les scientifiques commencent à étudier la carte des fibres de substance blanche (le connectome) et la manière dont les aires corticales communiquent entre elles. "Aujourd'hui, des équipes de neuro sciences utilisent l'hypnose pour comprendre ce qu'est la conscience en la manipulant, révèle le Dr Suarez. Cela devrait nous permettre d'élucider le processus hypnotique mais aussi la schizophrénie ou l'autisme. Bref, comprendre le conscient, l'inconscient, le subconscient. Tout ce que le cerveau, ce cachottier, trame dans notre dos."
Christel de Taddeo - Le Journal du Dimanche




"Tout être humain est capable de rentrer en état hypnotique". DHE.be

Dr Eric Mairlot
« Le principe de base, c'est de développer une forme de conscience parallèle qui fonctionnera de manière non volontaire, c'est ce qui fait croire qu'on perd sa volonté alors que c'est faux. Par contre, on développe une sorte de faisceau parallèle qui peut nous faire penser qu'on est en train de dormir tout en sachant qu'on ne dort pas, on est en partie éveillé mais on a accès à une imagerie mentale qui peut être extrêmement puissante. », d’après le Docteur Mairlot.

Parmi les usages de l’hypnose, on l’inclut pour les opérations médicales. « Une quinzaine d'opérations par jour se font sous hypnose en Belgique » a souligné le Dr Mairlot sur notre antenne.
 
Pour les intéressés, le Docteur donnera une conférence le 29 mars à l’ULB, elle est ouverte à tous. Il y aura 9 spécialistes de l'hypnose.


L'hypnose pour défaire la chronicité d'une douleur ou d'une addiction. Le Huffington Post.

Par Jean-Marc Benhaiem, Médecin hypnothérapeute à Ambroise Paré et à l'Hôtel Dieu (Paris)
 
Un colloque sur l'hypnose se tiendra le 5 avril prochain à Paris. Son thème est: l'hypnose pour défaire la chronicité d'une douleur ou d'une addiction.

Comment l'hypnose peut-elle déjouer des stratégies répétitives? Elle peut assouplir ces rigidités en amenant l'attention à se porter sur le seul présent. Dans l'instant, toute la place est faite à la nouveauté par l'effacement du passé et l'ouverture à un avenir que l'on se refuse à prévoir ou à préjuger. Pour remettre en mouvement, l'hypnose peut souvent faire appel à la libre imagination ou à la mise en scène, capables de modifier ou simplement d'éclairer le contexte de l'existence et donc de transformer déjà la situation.
Toutes les procédures hypnotiques ont une bien meilleure efficacité lorsque le thérapeute a une compréhension profonde de ce qu'est l'hypnose.

Des études de cas exposés et discutés feront sentir certaines possibilités de changement à la faveur d'une séance d'hypnose: douleur neuropathique, TOC, toxicomanie, colopathie et douleur de l'enfant. Psychiatres, algologues, philosophes de renom confronteront leurs expériences et leurs connaissances dans l'objectif d'améliorer le soin par l'hypnose de ces pathologies chroniques.
Le colloque est conçu par le philosophe et hypnothérapeute François Roustang et animé par le Dr Jean-Marc Benhaiem. Ce colloque accueille des professionnels de santé et des auditeurs libres.

Informations pratiques
Lieu du colloque :
Faculté de Médecine Paris VI - Campus Les Cordeliers
15 rue de l'École de Médecine 75006 Paris - M° Odéon
Secrétariat du Colloque :
Association AFEHM - Tél. : 01 42 56 65 65


Programme détaillé:

Matinée
- 8h45 : Accueil - ouverture de la Journée.
- 9h00 : En quoi l'hypnose s'oppose au chronique ?
Dr Julien Betbeze, Psychiatre, CHU de Nantes, Accueil Familial
Thérapeutique de Loire-Atlantique
- 9h45 : Que faire de l'addiction au thérapeute ?
Pascale Chami d'Agraives, Psychologue Clinicienne, Paris.
- 10h30 : Pause - Café
- 11h00 : Modification durable des perceptions. Cas de douleurs neuropathiques chez un homme paraplégique.
Dr Grégory Tosti, Centre de Traitement de la Douleur Hôpital Ambroise Paré, Boulogne.
- 11h45 : Réflexions autour du naturel.
Pr Claude Romano, Université de Paris-Sorbonne / Australian Catholic University.
- 12h30 : Pause déjeuner (libre)

Après-midi
- 14h00 : D'un trauma à l'addiction : à la recherche du temps. Un cas de toxicomanie
Dr Dina Roberts, Psychiatre, AP-HP.
- 14h45 : Changement de scénario face à un arrêt dans le développement. Cas d'un enfant hospitalisé
Dr Patrick Richard, Anesthésiste, Hôpital Armand Trousseau, Paris.
- 15h30 : Discussion suivie d'une pause.
- 16h00 : La catalepsie et les soucis du ménage. Cas d'une femme souffrant d'une maladie de Crohn.
Dr Jean Marc Benhaiem, Centres de Traitement de la Douleur, Hôtel Dieu, Paris, et Hôpital Ambroise Paré, 92.
- 16h45 : À propos de la "Stimmung".
Pr Marcus Coelen, enseignant-chercheur en Philologie à l'Université Louis Maximilien, Munich.
- 17h30 : Débat avec la salle
- 18h00 : Clôture de la journée.

Conception du colloque : François Roustang
Présentation de l'association et de ses activités Depuis 1996, L'Afehm organise une formation à l'hypnose. Plusieurs modules sont venus la compléter : Perfectionnement, Douleurs, Techniques, Supervision, Stages pratiques. L'activité de cette école est liée à plusieurs Centres de Traitement de la Douleur en France qui ont ajouté l'hypnose à l'offre de soins.
L'Afehm a été à l'origine de la création en 2001 du Diplôme Universitaire d'Hypnose médicale à Paris VI Pitié-Salpêtrière. Depuis, l'Afehm a encouragé et parrainé la création des D.U. d'Hypnose médicale de Bordeaux, Montpellier et Nice.




Chirurgie sous hypnose : "Dissocier l'esprit du patient de son corps". Le Maine Libre

Le docteur Thi Maï Bernemann, médecin anesthésiste, pratique l’hypnose médicale à l’hôpital du Mans depuis trois ans. Elle explique comment fonctionne cette technique et à quels cas elle peut s'appliquer.

Quelles sont les opérations pratiquées sous hypnose à l’hôpital du Mans ?
Les endoscopies digestives, des opérations de la thyroïde et d’autres gestes superficiels. L’hypnose médicale peut aussi être utilisée à la maternité pour faire patienter en attendant la réalisation d’une péridurale. Elle peut être utilisée de manière plus discrète au quotidien  pour favoriser le confort péri opératoire (pose de perfusion, pose de cathéter, mise en condition avant l’anesthésie générale…). Nous proposons l’hypnose dans des situations que nous maîtrisons parfaitement avec des moyens classiques d’anesthésie.

En quoi consiste l’hypnose ?
Lors d’une séance d’hypnose, nous dissocions l’esprit du patient de son corps pour qu’il soit focalisé sur quelque chose de plus agréable que les examens ou les soins douloureux. Durant une transe hypnotique, le patient se trouve dans un état de conscience modifiée. Il ne s’agit pas d’un sommeil mais d’un état comparable à une rêverie. Lors d’une opération, j’essaie de détacher le patient de ce qui se passe autour de lui, de l’emmener dans un endroit plus agréable.

Cela demande de créer un lien avec le patient ?
Bien sûr. On ne fait pas de l’hypnose sur quelqu’un mais avec quelqu’un. Pour que cela fonctionne, il faut une personne motivée et créer une alliance avec le patient.

Comment procédez-vous?
Si un patient est jugé éligible pour une intervention sous hypnose par le chirurgien et qu’il est motivé,  je le reçois en consultation avant l’opération. Nous préparons tout comme s’il s’agissait d’une anesthésie classique. Puis je l’aide à choisir le thème de sa transe hypnotique. Pour certains, ce sera revivre un voyage, pour d’autres ce sera un souvenir d’enfance, un moment passé avec quelqu’un… Je fais remplir au patient un questionnaire précis pour recueillir des détails concernant l’événement : les lieux, les personnes présentes, l’époque de la vie, la météo. Parfois, il faut que je me documente pour restituer l’univers…

Le patient reste-t-il maître de la situation ?
Bien sûr, même si une partie de l’esprit de la personne part ailleurs, une partie de son esprit reste présente, ce qu’on appelle d’ailleurs « l’observateur caché ». Je communique avec lui durant l’intervention soit par un « signaling » établi à l’avance ou en parlant tout simplement. J’explique toujours aux patients que nous sommes tout à fait capables de nous adapter à la situation, d’augmenter les doses d’anesthésie locale ou d’antalgiques intraveineux voire d’effectuer une anesthésie générale. Tout est prêt pour cette éventualité. Depuis 3 ans que je pratique l’hypnose à l’hôpital, je constate qu’il est exceptionnel d’avoir besoin de passer à l’anesthésie générale lors d’une séance d’hypnose.

Quels sont les avantages de l’hypnose médicale ?
Seule ou couplée à des antalgiques intraveineuses plus éventuellement à une anesthésie locale, l’hypnose médicale inhibe les centres cérébraux impliqués dans la nociception et abaisse le niveau de perception de la douleur. Cette méthode permet donc dans certains cas d’éviter le recours à l’anesthésie générale ou, dans les cas où l’hypnose est utilisée avant une anesthésie générale,  de diminuer sensiblement les doses des médicaments et les effets secondaires de certains d’entre eux. Mais ce que je trouve le plus impressionnant, c’est  la satisfaction des patients  pris en charge par l’ hypnose,  ils se sentent mieux accompagnés par le personnel médical car l’aspect humain est mis en avant.

Cette technique fait-elle des émules ?
Oui, même si nous sommes toujours confrontés au scepticisme de certains, aux contraintes organisatrices et au fait que l’hypnose n’est pas adaptée à toutes les situations. L’hypnose est une technique qui est pratiquée au sein de l’établissement depuis au moins 15 ans et actuellement, nous sommes une dizaine, médecins et infirmières, à pratiquer l’hypnose dans différents services. Le personnel du bloc, surtout les infirmiers, est très ouvert à cette technique. Nous prévoyons de mettre en place une formation interne pour pouvoir sensibiliser et former un maximum de personnes. L’hypnose médicale notamment dans le contexte de la douleur aiguë et chronique est en plein essor depuis quelques années dans le monde entier, mais il reste encore du chemin à parcourir.

Propos recueillis par Isabelle Julien.
 

 


Acouphènes : l'hypnose contre les bruits psychosomatiques. Sciences et Avenir

Cette technique, pratiquée au centre hospitalier Lyon Sud, permet, en quelques séances, de mieux tolérer ces sons parasites, voire de les réduire.

Il existe une interaction forte entre le stress et les acouphènes. Leur apparition est d’ailleurs souvent concomitante d’un événement traumatisant ou d’une période éprouvante. "Lorsque toutes les causes organiques ont été écartées et que l’origine des acouphènes se révèle psychosomatique, traiter le patient par un médicament est inutile, déclare le professeur Claude Dubreuil, chirurgien ORL au centre hospitalier Lyon Sud. C’est dans ces cas que l’on peut avoir recours à une thérapie psychologique, notamment à l’hypnose."

En France, cette technique est déjà utilisée dans diverses indications, comme les soins douloureux chez le brûlé ou l’enfant. Depuis cinq ans, elle est également pratiquée de manière croissante chez les patients acouphéniques. "Nous orientons les patients vers l’hypnose ericksonienne, une psychothérapie courte qui ne nécessite généralement que trois à dix séances à quelques mois", précise le professeur Dubreuil.
 
Désinhiber la parole
Le principe de ce traitement repose sur la modification du fonctionnement du système limbique, une région du cerveau impliquée dans le comportement, les rêves et les émotions.
 
TECHNIQUE

En pratique, ni pendule, ni injonctions de type "Dormez : je vous l’ordonne !". Le praticien invite le patient à focaliser son attention sur quelque chose d’agréable et, verbalement, le plonge dans un état modifié de conscience, entre l’éveil et le sommeil. Il peut alors dialoguer avec le patient, dont la parole est désinhibée, ou lui proposer des exercices de mise en situation.

Se détacher de la perception consciente de leurs acouphènes
A l’issue de la séance, ce dernier s’en souvient clairement. L’objectif de cette thérapie est de permettre aux patients de se détacher de la perception consciente de leurs acouphènes.

Le phénomène physique persiste mais l’hypnose, en renforçant la relaxation et le contrôle personnel, engendre une meilleure tolérance. Dans les cas les plus favorables, elle réduit même son intensité et sa fréquence. Peu de travaux ont jusqu’à présent été consacrés à cette prise en charge. D’ici la fin de l’année, le professeur Dubreuil espère publier les résultats de l’étude qu’il mène sur une centaine de patients.
 
Par Marie-Noëlle Delaby
 
 

Rédigé le Mardi 18 Mars 2014 à 17:30 | Lu 7407 fois modifié le Jeudi 10 Avril 2014

Laurent Gross est: Président du CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,… En savoir plus sur cet auteur