Hypnoscope Mai 2022 - Actualités Thérapeutiques



Quand l'hypnose soigne les médecins

Soigner les soignants est une expérience étonnante : quand ils tombent malades, ils sont souvent deux fois plus démunis. Leurs troubles sont universels et renvoient à des émotions et des symptômes que nous pouvons tous ressentir dans l'exercice de notre profession : l'angoisse de la performance, la peur paralysante, les insomnies, les tics et les tocs, les migraines, les phobies, etc.

D'une plume limpide et vivante, Constance Flamand-Roze nous fait découvrir les pouvoirs fascinants de l'hypnose. L'autrice partage aussi l'expérience passionnante vécue avec les équipes de réanimation pendant la grande vague du Covid.

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Pr Julien Nizard, la croisade contre la douleur

Par Agnès Duperrin pour Notre Temps

Il est désormais possible d'agir par neurostimulation électrique ou magnétique sur des zones cérébrales ciblées, en cas de douleurs rebelles. Surtout au moyen de techniques non invasives, comme s'emploie à le démontrer le chercheur.

Au cœur de la cité des ducs de Bretagne, la faculté de médecine est déserte, restrictions sanitaires obligent, "excepté pour les participants à des formations hypnose et acupuncture", glisse le Pr Julien Nizard en nous faisant traverser l’immense hall. L’affaire est entendue: ici la lutte contre la douleur ne se limite pas à la prescription de médicaments.

Elargir l'éventail des traitements
Car ce qui intéresse ce médecin aux yeux clairs et à la barbe de trois jours soigneusement taillée, c’est de n’écarter aucun traitement pouvant soulager les patients, à condition de ne rien céder à leur validation scientifique. En bon chercheur, il lui faut des preuves. Est-ce lié aux discussions avec son père psychiatre ou sa mère, traductrice? La médecine, il a toujours voulu la pratiquer avec une vision globale du patient. Rhumatologie, douleur, gériatrie: Julien Nizard avale diplômes et projets à la vitesse de son élocution, et ça fuse! Il a fondé à Nantes la première consultation 'Douleur et personnes âgées' et participé à la création de l’unité Douleur du CHU.


Sa conviction: élargir l’éventail des traitements est capital tant soulager une douleur rebelle, aiguë ou chronique peut se révéler complexe. "Après l’enseignement universitaire de la douleur en 2002, nous venons d’obtenir du ministère de l’Enseignement supérieur, sous l’égide du Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic), des cours obligatoires sur l’utilité et les risques des thérapeutiques non médicamenteuses pour les étudiants en médecine, une révolution!" s’enthousiasme-t-il.


Remettre le corps en route est essentiel
Le voici qui se lance pour nous dans une formation accélérée aux subtilités de sa spécialité, dissociant "les douleurs par excès de nociception (influx douloureux) comme dans l’arthrose, et les douleurs neuropathiques liées à une lésion du système nerveux périphérique, complication de diabète, zona, sclérose en plaques ou sciatique rebelle". Les soulager demande à tenir compte de l’aspect sensitif mais aussi émotionnel de la douleur, son impact sur le sommeil, les relations sociales, le contexte familial et social… Le traitement se limite rarement à des médicaments, antalgiques, anti-inflammatoires, antidépresseurs, antiépileptiques ou patchs locaux.
"Nous proposons en parallèle des soins physiques, de l’hypnose, de la méditation… Remettre le corps en route par une activité physique adaptée est essentiel car le mouvement est un excellent antidouleur naturel, il faut parfois en convaincre les patients!" Une ordonnance au "cas par cas", et une confiance absolue en la parole du patient, voilà comment sortir d’une douleur rebelle. Julien Nizard reprend son souffle: "Les objectifs doivent être raisonnables, progressifs et clairs: rester moins longtemps au lit, reprendre telle ou telle activité…"

Et si ça ne suffit pas? "Dans les cas extrêmes, nous pouvons poser une électrode pour agir sur la zone cérébrale associée à la zone douloureuse. Il s’agit de bloquer l’emballement neuronal qui auto-entretient et amplifie la douleur." Son équipe a publié dans la revue "Nature" l’étude la plus vaste sur le sujet, portant sur cent patients. Limite de la technique: son côté invasif. Mais désormais, on peut faire aussi bien sans chirurgie, poursuit le chercheur, les yeux brillants. "Et réserver l’opération aux patients insuffisamment soulagés."

Rédigé le Vendredi 17 Juin 2022 à 01:05 | Lu 324 fois modifié le Vendredi 17 Juin 2022

Laurent Gross est: Président du CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,… En savoir plus sur cet auteur