Hypnoscope Janvier 2018 - Actualités Thérapeutiques



"Cela permet de déstresser le patient et de diminuer les anesthésiants" : l'hypnose arrive en bloc à l'hôpital - France Info

Sans anesthésie générale et sous une lumière tamisée, les opérations sous hypnose se font depuis peu à la clinique du Tonkin à Villeurbanne (Rhône). Opéré d'une arthroscopie d'un genou, un patient de 36 ans a voulu tester.

"L'hypnose permet au patient de vivre son expérience hospitalière avec une émotion positive. On va lui amener des émotions sympathiques, comme du voyage, et tout cela va permettre de déstresser le patient et de diminuer les médicaments anesthésiant pour en mettre beaucoup moins, voire parfois pas", explique le Dr Bourdin, anesthésiste à la clinique lyonnaise du Tonkin.

Le patient entre comme il sort : debout

Le patient entre au bloc opératoire debout. "On arrive au bloc comme si on allait au cinéma ou à un dîner. C'est plus sympa", ajoute-t-il. Une infirmière anesthésiste accompagne le patient dans ce voyage intérieur pendant l'opération.

"Il faut qu'il y ait un environnement adapté pour le patient avec une présence constante de l'infirmier anesthésiste pendant l'intervention. Nos gestes doivent être le plus doux possible pour ne pas entraîner de douleurs", précise le Dr Vogels, chirurgien. Et le patient va ressortir debout du bloc opératoire.


Une première opération chirurgicale réalisée sous hypnose à la Polyclinique du Parc Rambot - Go Met'

Le Dr Vaini-Cowen, qui a réalisé l'opération.
Il s’agit d’une première dans la métropole Aix-Marseille Provence : une première chirurgie vient d’être réalisée en totalité sous hypnose à la Polyclinique du Parc Rambot à Aix-en-Provence, comme alternative à l’anesthésie générale. La patiente, âgée de 73 ans et atteinte d’un cancer du sein, a subi jeudi 4 janvier une ablation de ganglions sentinelles.

« Par rapport à l’anesthésie générale, l’hypnosédation, cette technique anesthésique combinant une anesthésie locale, l’administration de calmants et un accompagnement par l’hypnose, présente l’avantage d’éviter les effets des drogues anesthésiantes et facilite la récupération post-opératoire », précise Véronique Vaini-Cowen, chirurgienne gynécologique et mammaire qui a pratiqué l’opération avec les deux médecins anesthésistes, Olivier Ruinet et Frédéric Bourgarel. « La patiente est ravie, ajoute Olivier Ruinet. Elle raconte avoir été dans un état hypnotique : consciente mais dans un demi-sommeil. Ce qui lui permettait de parler tout en s’imaginant être dans son salon, en train de regarder son film préféré. »

Des opérations sous hypnose pour les chirurgies du sein sont désormais programmées chaque jeudi à la Polyclinique. Cette technique est particulièrement recommandée pour les patientes qui nécessitent une récupération rapide ou qui ont une intolérance à l’anesthésie, du fait de leur âge ou de leur pathologie. L’hypnose est également utilisée en post-opératoire à la Polyclinique par Michel Stioui médecin spécialiste du traitement de la douleur. L’établissement a par ailleurs recours à la Resc, la résonance énergétique par stimulation cutanée, avec l’infirmière référente Marie-Christine Vaini-Voisin. Basée sur la propagation d’ondes de son dans les liquides humains, cette technique permet de réduire les doses de médications.

« Ces différentes méthodes permettent à notre établissement de se positionner sur des thérapies complémentaires à la médecine classique, plébiscitées par les patients et leur apportant un meilleur confort et bien-être », conclut Claire Ravier, directrice générale de la Polyclinique du Parc Rambot.
Caroline Albenois

L’hypnose thérapeutique est-elle vraiment efficace ? - L'info durable

L’hypnose est une technique de soins de plus en plus utilisée, en psychothérapie mais aussi dans les hôpitaux. Est-elle vraiment efficace ? Les va-et-vient du pendule et la voix de l’hypnotiseur peuvent-ils nous faire perdre la tête ?

Dans le domaine médical, les apports de l’hypnose font consensus. C’est une technique utile pour soulager les patients. Mais d’où viennent ses effets ? Selon l’hypnothérapeute Antoine Bioy, soigner par l'hypnose requiert un apprentissage spécifique, pour permettre au patient de se laisser aller à de nouvelles perceptions. Un point de vue que conteste Stéphane Laurens : selon lui, ce n’est qu’un moyen parmi d’autres d’influencer son interlocuteur. Le folklore autour de l’hypnose ne serait que de la poudre aux yeux…

Antoine Bioy a pratiqué l’hypnose dans le cadre de son métier de psychologue. Il est aussi chercheur et a publié en octobre 2017 un Que sais-je ? consacré à l’hypnose.
L’hypnose peut-elle être thérapeutique ?
L’hypnose agit dans trois dimensions : au niveau de l’état de conscience, de la relation à l’environnement et du ressenti corporel. Elle permet de réécrire sa réalité, notamment lors d’une thérapie. L’indication majoritaire est celle de la gestion de la douleur et de l’anxiété, dans le cas d’une anesthésie ou d’un accouchement par exemple. Ensuite, l’hypnose peut être efficace pour les troubles dits psychosomatiques, comme le syndrome du côlon irritable. Enfin, en psychologie, elle peut aider les patients atteints de phobie, de dépression voire de schizophrénie. Certaines interventions brèves, assez dirigistes, permettent de modifier des éléments simples comme la douleur aiguë ou les nausées. Les prises de médicaments peuvent ainsi être diminuées voire supprimées.

Est-ce que le patient garde le contrôle ?
C’est moins simple que cela. Déjà, il faut avoir son consentement, il arrive que le patient refuse d’emblée. Ensuite, il peut toujours s’arrêter en cours de séance. Mais s’il accepte, le patient donne à son thérapeute le pouvoir d’influencer ses ressentis corporels et ses pensées. L’état hypnotique est une transe, une conscience modifiée. Dans un état de conscience ordinaire, les demandes du thérapeute paraîtraient incongrues voire folles. Il y a donc une diminution du contrôle consentie. Si le patient reste dans un état hypnotique, c’est finalement son choix : il garde son libre-arbitre. L’hypnothérapeute ne peut pas le pousser à agir contre sa volonté.

L’hypnose est-elle un jeu auquel le patient veut bien se prêter ?

Cette théorie, dite du « role playing » (jeu de rôle), date des années 1950. En effet, pour que ça marche, il faut que le patient ait une représentation des comportements hypnotiques avant de les adopter devant son thérapeute. Mais ça n’est pas suffisant pour tout expliquer. Si on demande à des gens de jouer un rôle d’hypnotisé sans rien leur suggérer, ils ne seront pas dans un état hypnotique. Ils doivent être dans une transe. C’est comme les bons acteurs, qui ressentent vraiment les émotions qu’ils jouent. En acceptant de jouer un rôle, ils accèdent à des sentiments nouveaux qu’ils n’auraient jamais ressentis à ce moment-là sans y être invités. De même, l’hypnose crée des activations de conscience différentes.

Stéphane Laurens est chercheur en psychologie sociale. Il est l’auteur de Manipulations et influences : Réalités et représentations à travers deux siècles d’études, publié en mai 2017.
Pour vous, les techniques hypnotiques n’ont pas d’efficacité en elles-mêmes. Pourquoi ?
Elles ont des effets, bien sûr : atténuation de la douleur, obéissance des assistants dans les spectacles… Dans de nombreux cas, l’état hypnotique est activé. Mais la question est celle de la cause. D’où viennent ces effets ? Les gens les attribuent parfois à un pendule, à un point lumineux ou à la fascination, mais ce n’est qu’une croyance. Vous pouvez utiliser tout et n’importe quoi, une boîte de bonbons si ça vous chante, le résultat sera le même. Ce qui compte, c’est le sens que vous mettez derrière le geste. Pour cette raison, n’importe qui peut pratiquer l’hypnose, il suffit de connaître quelques techniques d’influence et de trouver quelqu’un qui se prête au jeu.

L’hypnose est-elle une manipulation ?
C’est avant tout une croyance partagée entre hypnotiseur et hypnotisé. Notre contexte culturel fournit à tous ce qu’est l’hypnose : comment se passe une séance, ses effets… Les participants ont un contrat tacite. Il y aurait manipulation si l’un agissait à l’insu de l’autre, mais ce n’est pas le cas. L’image populaire de l’hypnose est celle d’une personne qui a une emprise sur les autres. En 1890, alors que l’hypnose est à la mode, les législateurs veulent la réserver aux médecins pour prévenir la population d’un soi-disant danger. En réalité, il n’y a pas de danger car pas d’assujettissement. Si l’hypnotisé ne veut pas se prêter au jeu, rien ne se passera.

L’hypnose ne serait-elle donc qu’un leurre ?
Hippolyte Bernheim, le grand spécialiste de l’hypnose de la fin du 19e siècle, a d’abord considéré qu’il existait bien un état hypnotique. Mais 10 ans plus tard, dans un ouvrage intitulé De la suggestion, il écrit : « Il n’y a pas d’hypnotisme, il n’y a que de la suggestion. » Certaines expériences montrent qu’on obtient les mêmes résultats avec un patient hypnotisé qu’avec un patient non-hypnotisé. Si un état hypnotique permet d’induire de nombreux comportements, cela provient seulement d’un processus d’influence consenti de part et d’autre. Cette explication par les croyances partagées explique beaucoup de faits, même si elle est loin d’être parfaite : comment se fait-il que l’hypnose fonctionne sur les lapins ou sur les bébés ?
Hugo Albandea


Rédigé le Vendredi 2 Février 2018 à 15:05 | Lu 548 fois modifié le Mardi 17 Avril 2018

Infirmier anesthésiste: Formateur au Collège d'Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris en… En savoir plus sur cet auteur