Congrès Hypnose & Douleur. Pleins feux sur le Dr Marc Galy, Médecin Anesthésiste à Paris


Le Dr Marc Galy, Médecin Anesthésiste du Groupe Hospitalier St Joseph a Paris, nous a au cours de ce Congrès, proposé 2 conférences. En voici les thèmes, ainsi que le résumé post-congrès.


L’hypnose a t-elle une place dans l’analgésie préventive ? Conférence du Jeudi 1er Mai

La lutte contre la douleur est une obligation de soin. Dans la période péri-opératoire chaque établissement par l’intermédiaire du service d’Anesthésie, du C.L.U.D., élabore des protocoles afin de réduire les douleurs post-opératoires. Ces protocoles reposent sur la mise en place de cathéters, de titration morphine et d’association médicamenteuse.

On remarque également que cette prise en charge antalgique commence quelque fois à la prémédication et s’accentue en per-opératoire et dans l’unité de surveillance post interventionnelle pour se poursuivre dans les unités de chirurgie. Dans le cadre de l’obstétrique, la prise en charge est plus uniforme. La consultation d’anesthésie informe le patient sur les modalités d’intervention (anesthésie générale, locorégionale, locale, hypnosédation) et sur la prise en charge de la douleur.

On sait que la douleur est multifactorielle. Aux facteurs nociceptifs s’ajoutent les facteurs cognitifs. Parmi ces derniers, il apparait que « l’anticipation algique » décrite par le patient est un élément important à identifier. A cette « peur d’avoir mal » s’ajoute les vécus antérieurs du patient voire de son entourage. En obstétrique, ces éléments existent même dans la perspective de la péridurale !
L’analgésie préventive doit aussi prendre en charge ces deux facteurs cognitifs, qui, bien souvent, ne sont pas assez identifiés.

La communication hypnotique et l’hypnose permettent de reconnaître ces éléments d’anticipations et d’apporter les solutions quelle que soit la situation clinique.

Objectif
Ouvrir les portes de l’anesthésie et l’analgésie « non médicamenteuse »

La douleur, l’hypnose et le « MINI ». Conférence du Vendredi 2 Mai

Avec la réduction des durées d’hospitalisation (ambulatoire, semaine), couplée à de nouvelles technologies chirurgicales (coelioscopie, voie percutanée, mini-incision chirurgicale, robotisation), à une meilleure évaluation clinique des patients et au programme de réhabilitation rapide post-opératoire, la porte d’une approche nouvelle de la prise en charge des patients s’ouvre.

Le « MINI » rentre à l’hôpital. Dans cette orientation multidisciplinaire du « MINI » l’Hypnose est un atout :
- avec l’absence ou la réduction des apports des drogues anesthésiques dans le cadre de l’hypnoanalgésie
- avec son rôle dans la prise en charge de l’analgésie préventive et les facteurs algiques associés.
- dans l’approche clinique de la « communication hypnotique », qui donne à la relation soignant-soigné une dimension humaine, dans laquelle la technique garde sa place mais ne prend pas toute la place, cet « autre dialogue » offre au patient des éléments pour un meilleur rétablissement.

Tous ces facteurs participent à la réduction des durées d’hospitalisation et accompagnent, de ce fait, les progrès technologiques chirurgicaux. L’approche hypnotique tient sa place et participe au développement actuel et futur du « MINI ».

Objectifs
Ouvrir les portes de l’anesthésie et l’analgésie « non médicamentause»
Faire rentrer l’hypnose dans la prise en charge multidisciplinaire et les objectifs de la réduction des coûts : concept du « MINI »

Neurosciences et hypnose: Un vent nouveau.

Les congrès se suivent, et ne se ressemblent pas. Rares sont ceux qui vous transportent, qui vous transforment ou qui vous réconfortent dans vos orientations, ceux dans  lesquels un vent nouveau souffle et qui marquent  un tournant dans les approches thérapeutiques.

Le congrès « Hypnose et douleur » de La Rochelle organisé par l’institut de formation Emergences de Rennes entre le 1er et le 3 mai est de ceux-là. Je me souviens  du  congrès de Toulouse dans les années 90 consacré à « l’anesthésie locorégionale » avec des présentations en direct entre la salle de conférence et les salles d’opération du CHU. Ce congrès est encore dans toutes les mémoires. Un tournant dans la nouveauté, dans les échanges, les présentations  et c’est probablement à partir de là que l’anesthésie locorégionale a pris son essor.
 
Pourquoi le congrès de La Rochelle est un tournant ?

- Par le nombre de participants, près  de 900, de spécialités différentes : anesthésistes, psychologues fondamentalistes, neurologues, pédiatres, obstétriciens, psychiatres, chirurgiens dentistes,  sages-femmes, soignants (infirmiers anesthésistes, de bloc opératoires, de services).
- Par le nombre de communications : près de 150, diverses, de hautes qualités et internationales aussi bien cliniques que scientifiques.
- Par les thèmes abordés qui vont des neurosciences à l’induction hypnotique pour anesthésie générale en passant par les modifications organisationnelles engendrées par l’apport  des techniques de  « communication thérapeutique » et « les moyens d’entrer en hypnose » mises au service des patients. 
                                                                                                                                                                 
Pour les neurosciences et cela  depuis les années quatre-vingt-dix, l’imagerie médicale et en particulier l’IRM fonctionnelle participent de façon active à la visualisation et à la compréhension  des modifications cérébrales dans les états de conscience modifiée.

C’est pour cela que le Dr Jean Becchio nous dit : neurosciences et hypnose clinique, main dans la main. Marie Elisabeth Faymonville quant à elle pose la question : hypnose et recherche… quid de la relation ?

L’apport des neurosciences dans les mécanismes hypnotiques donne une force clinique dans la pratique quotidienne des techniques hypnotiques.
Pour l’anesthésie, on voit que l’anesthésie « peu ou non médicamenteuse » rentre dans les blocs opératoires et dans les plateaux d’interventionnelles. Cette nouvelle approche n’exclut pas la chirurgie ou l’interventionnelle dites « lourdes ».

Une équipe belge à Saint Luc de Bruxelles applique l’hypnose dans le périopératoire en neurochirurgie pour les tremblements et celle du groupe hospitalier Paris Saint Joseph de Paris dans la chirurgie de la carotide ou dans le traitement des anévrismes de l’aorte par voie percutanée. De nombreuses vidéos sont venues éclairer le champ des applications des « moyens d’entrer en hypnose » dans différentes types de chirurgie (thyroïde, hernie, soin dentaire, césarienne, varices…) ou dans différentes situations cliniques.

L’hypnose entre aussi dans le traitement des douleurs chroniques. L’apprentissage des « moyens d’entrer en hypnose » que le patient reçoit du praticien l’autorise à pratiquer l’auto-hypnose quand il aura besoin. Ces techniques d’autohypnose entrent aussi dans la pratique de l’analgésie préventive.
La communication thérapeutique, la pratique « des moyens d’entrer en hypnose » et l’hypnose ouvrent la porte d’un « autre dialogue » entre patient et praticien et entre soignants.  Cette approche thérapeutique renouvelle la pratique des soignants, lutte contre l’isolement des pratiques informatiques et remet la relation patient/soignant au cœur des préoccupations. Ces outils thérapeutiques aident aussi le soignant, comme le souligne le Dr Claude Virot, à lutter contre le syndrome du « burn out » que l’on décrit fréquemment chez les professionnels de santé.

Tout cela entraine une réflexion sur les organisations hospitalières en termes d’accueil et dans le parcours du patient. Le concept du « Mini » qui réduit l’agression chirurgicale, médicamenteuse et qui prend en compte la réduction des durées d’hospitalisation (ambulatoire, hospitalisation de semaine) intègre la nouvelle relation patient/praticien, patient/soignant que nous apportent la communication thérapeutique et les techniques hypnotiques. Des communications sont venues éclairer ces propos, qu’elles viennent de grand groupe hospitalier (Paris) ou d’équipe plus réduite (Vesoul).

Le champ de la communication thérapeutique, les techniques pour rentrer en hypnose et les données des neurosciences participent à une nouvelle orientation médicale que les nombreux échanges de La Rochelle ont permis d’éclairer. Que tous ceux qui pensent que nous ne sommes pas à un tournant de notre pratique hospitalière et que toutes ces nouvelles orientations ne viennent pas changer nos pratiques, se trompent.

Les orientations  économiques, le concept du « Mini » accentuent  les demandes de changement. La formation doit être au rendez-vous. Les forces administratives ont l’obligation d’accompagner et de faciliter ces changements. Les plus jeunes doivent comprendre les enjeux, se former et participer activement au changement des pratiques et laisser la technique à sa place, afin qu’elle n’entrave pas la relation patient/soignant, socle du contrat thérapeutique.

Rédigé le Vendredi 23 Mai 2014 à 02:15 | Lu 1553 fois modifié le Vendredi 23 Mai 2014

Laurent Gross est: Président du CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,… En savoir plus sur cet auteur